dimanche 5 février 2017

Du retour de la révolution conservatrice américaine






"Et ce qu'il a aperçu à de quoi nous surprendre. Qu'a-t-il vu ? S'épanouir une contre-révolution populiste (...), antiétatique, antifiscaliste et même antiféministe ; des hommes et des femmes prêts à se battre pour infléchir les décisions gouvernementales et remettre en cause toute une idéologie libérale (c'est-à-dire de gauche aux USA alors que chez nous le vocable est synonyme de droite) qui domine le pays depuis plus d'un demi-siècle.
Le credo de ces nouveaux révolutionnaires conservateurs, c'est tout un état d'esprit. La morale, la religion, la patrie, sont exaltées au même titre que l'argent, le profit, la concurrence et le risque individuel (...). L'intervention tatillonne gouvernementale, le développement de l'Etat providence sont ressentis comme des atteintes à l'éthique nationale. Pour ces Américains de la base, leur cher et grand pays est une création permanente des individus et non pas un produit du pouvoir central comme ont pu l'être les nations européennes...".

Voilà ce qu'écrivait Catherine NAY (1), en 1983, à propos de l'Amérique de Reagan, visitée par Guy SORMAN (2).
Toute ressemblance avec l'Amérique de Trump...








1- Jours de France, 6 août 1983.
2- SORMAN Guy, La révolution conservatrice américaine, Fayard, 1983

samedi 5 novembre 2016

Repenser le management public




La fonction publique, quelle soit d'Etat, territoriale ou hospitalière, semble devoir être au centre des débats lors des prochaines élections. Avec des arguments plus ou moins pertinents et fondés, chacun apporte sa solution pour une "meilleure" fonction publique, au service des "usagers", des "citoyens", voire des "clients". Les évaluations des politiques publiques, mises en place ces dernières années, n'ont pas montré de véritables améliorations quant à la qualité du service. Faute à une logique essentiellement comptable ? Car dans le même temps, la mise en place de mécanisme de réduction des effectifs et des dépenses a pu mettre à mal les conditions de travail et la motivation de nombre de fonctionnaires.
Il est donc intéressant de croiser les regards sur le sujet.

Pour commencer, ci-dessous un lien vers un document intitulé "Où va le management public - Réformes de l'Etat et gestion de l'emploi public", de Maya Bacache-Beauvallet, publié par Terra nova en janvier 2016.

"Repenser le management public ne peut se faire sans une volonté politique forte, mais également par une refonte doctrinale de la part des différents partis politiques. Pour les uns, il s’agit de reconnaître les avantages de la fonction publique de carrière à assurer l’indépendance des fonctionnaires vis à vis du monde politique et économique, et à maintenir le sens de l’intérêt public par-delà les intérêts individuels ; pour les autres il s’agit d’accepter les évolutions en cours comme la simplification et la fusion des corps, le redécoupage des frontières de l’Etat, l’abandon de certaines missions pour la reconquête d’autres".

Pour le document complet, cliquer ici

Et pour savoir qui "parle" : Terra nova

 

dimanche 16 octobre 2016

Ressources humaines et fonction publique


Serait-ce une tradition française ?
A l'aube de chaque période électorale, surtout les Présidentielles, chacun y va de son commentaire sur l'avenir, plus ou moins sombre, de la Fonction publique. Avec de grandes approximations parfois quant à ce qu'il est réellement possible de réaliser à court, moyen ou long terme. 

Afin d'avoir une vision moins primaire de la gestion des ressources humaines, toute personne intéressée  trouvera ci-après un lien recensant des ouvrages, articles et rapports sur le sujet.
[Bibliographie émanant de l'ENA, ce qui rassurera certainement quelques candidats]

Rappelons ici un principe de base simple à comprendre. La meilleure façon de diminuer le nombre de fonctionnaires dans la durée consiste à arrêter de créer les conditions de l'augmentation de leur nombre. C'est plus difficile à faire qu'à dire, mais c'est aussi beaucoup plus efficace. 





"Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l'approuve et qu'on y souscrit."
 Bossuet, Histoire des variations des églises protestantes, 1688.


samedi 20 août 2016








Face au flot d'informations qui, chaque jour, nous submerge un peu plus, il est difficile de comprendre les événements, les stratégies à l’œuvre et les forces en action. Et lorsque le fait divers occupe tous les médias pendant quelques jours, le temps d'être chassé par un autre, la raison se lasse. A titre d'exemple, l'affaire dite du burkini : élément central de l'information des premiers jours, il a alimenté les débats dans l'ensemble des médias (et des réseaux sociaux). Or il s'avère aujourd'hui que ce n'était qu'un élément parmi d'autres, pas même le plus important, d'un fait divers. 
L'analyse de l'information, la plus objective possible, est devenue une denrée rare. Les innombrables sites qui s'enorgueillissent d'aider à la compréhension du monde tel qu'il est, ne sont pas souvent à la hauteur de leurs ambitions.
Pour ceux qui le souhaitent, je conseille la lecture régulière des posts du site indiqué ci-dessous : sobriété et objectivité pour des analyses sur des sujets variés.


http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/

bonne lecture.



dimanche 24 avril 2016

Un livre ancien sous le bras


"Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas.
Quand donc finira la semaine."

Guillaume Apollinaire, Alcools,"Marie".

mardi 12 avril 2016

Culture politique

Il paraît que les Français n'ont pas de culture politique.
Raison de plus pour lire l'ouvrage Les Cultures politiques en France.

"[...] l'acte politique, phénomène complexe s'il en est, s'explique le plus souvent par référence à un système de représentations partagé par un groupe assez large au sein de la société. C'est ce système de représentations que les historiens nomment la culture politique et qui leur permet de rendre intelligibles des comportements qui, faute de les éclairer par cette clé de lecture, demeureraient peu explicables. Comment, par exemple, rendre compte de la relative permanence des comportements électoraux en France au XIXè siècle et dans la première moitié du XXè siècle, au-delà de la variété des étiquettes politiques, permanence constatée sans être expliquée par les spécialistes de la sociologie électorale ? Comment expliquer que l'Allemagne, industrialisée et forte d'une bourgeoisie évoluée et cultivée, ait basculé dans le nazisme, alors que le Royaume-Uni demeure fidèle, en dépit des aléas économiques et des tensions sociales, à la démocratie libérale ? Pourquoi le fascisme qui trouve un terrain propice en Allemagne ou en Italie ne parvient-il pas à s'implanter en France, alors que nombre de traits structurels la rapprochent de ses deux voisines ? A ces questions, les explications de type univoque ne permettent de répondre qu'en martyrisant le réel pour qu'il entre dans les cases où on entend le cantonner. Parce qu'elle est une notion complexe, aux multiples paramètres, la culture politique permet de mieux rendre compte de la complexité des comportements humains".
"Il n'est guère de culture politique sans la mise en oeuvre de cette alchimie opératoire qui transmue des événements du passé en armes pour le présent. Que la Révolution française n'ait pas toujours eu le sens que lui conféraient les républicains, que le soulèvement des canuts ou la Commune de Paris n'aient pas revêtu la signification de révolte prolétarienne que Marx et ses successeurs leur ont assignée, que le 6 février 1934 ne soit pas la cause directe du Front populaire ou que le fascisme français ait été tardif, minoritaire et sans véritable audience, les historiens en sont persuadés. Il reste que, dans l'ordre de la culture politique, c'est la légende qui est réalité puisque c'est elle qui est mobilisatrice et détermine l'action politique concrète à la lumière des représentations qu'elle propose. Sur tous les points évoqués, la littérature, les journaux ou, plus récemment, le cinéma et la télévision pèsent plus sur la mémoire des événements que les savants travaux des historiens".
"Il n'est pas de culture politique politique cohérente qui ne comprenne précisément une représentation de la société idéale et des moyens d'y parvenir. En d'autres termes, racines philosophiques, références historiques, régime politique induisent une image de la société et de la place qu'y tient l'homme. Entre cette cité idéale et les réalités, le fossé est évident. Et c'est à le combler que s'applique, de façon souvent déterminante, l'action politique mise en mouvement par les tenants d'une culture politique donnée".

Un panorama complet des cultures politiques en France, montrant que les aller-retours des idées sont une constante. Seules les quelques tentatives (tentations) de prospective électorale pourront être ignorées (l'ouvrage date de 1999).

S. BERSTEIN (s.dir.), Les Cultures politiques en France, Editions du Seuil, 1999.