900, 600, 300…au-delà de la
litanie des données brutes, il faut percevoir les répercussions sur la vie des
femmes et des hommes. Ces chiffres, ce sont ceux des licenciements annoncés
respectivement chez Virgin, à la FNAC (quelques jours avant son introduction en
bourse) et chez Chapitre.com. Serait-ce la lente agonie de ce qui s’appela le
commerce culturel, surgeon de notre exception culturelle tant admirée (nous
disait-on) ? Avec des causes désormais bien connues : de moins en moins
de lecteurs (la faute à la télévision, à internet…) ; un téléchargement
culturellement ancré et massif que ni Hadopi, ni l’essor des offres payantes
n’ont réellement stoppé ; des loyers de centre-ville trop élevés ;
des centre-villes de moins en moins accessibles aux automobilistes (les
acheteurs de Province se déplacent beaucoup en voiture, « bon gré mal
gré »)… Bien sûr, cela est (aussi) la vérité, une vérité, mais qui ne
saurait à elle seule masquer des erreurs de stratégie que ces enseignes paient « cash »
aujourd’hui. Car, dans le même temps, Cultura et Leclerc (espaces culturels)
poursuivent, eux, leur expansion, selon un modèle clairement différent, et de
petites librairies spécialisées résistent dans les grandes agglomérations.
Les Ressources humaines sont sur le pont, à la
manœuvre pour licencier et recruter, plus souvent pour licencier que pour
recruter ces temps-ci. Nous savons bien que le solde embauche/licenciement sera
de toutes les manières très déficitaire. La formation, mot aux vertus quasi-magiques
pour certains, devrait permettre
d’atténuer le choc. « Devrait » seulement, tant il est vrai que
le secteur du commerce culturel ne brille pas par son dynamisme et son sens de
l’innovation en la matière. De plus, l’accompagnement personnalisé coûte
cher, prend du temps et nécessite que la personne soit psychologiquement prête à bâtir un nouveau projet professionnel,
ce qui est rarement le cas lors d’un licenciement. Enfin, le climat économique
français ne dispose guère à l’aventure.
Qu’il semble loin ce mois merveilleux de
décembre qui verra, promis, la courbe du chômage s’inverser.