samedi 16 juin 2012

Robert King Merton



            Dans la littérature managériale, le lecteur trouve de nombreuses typologies permettant (ou devant permettre) de classer les collaborateurs. Mieux les comprendre, pour mieux les manager. De factures diverses, ces typologies ont plus ou moins de succès : trop détaillées, elles paraissent inutilisables ; trop succinctes, elles semblent trop simplistes pour être véritablement crédibles.
            Parmi mes lectures du moment, j'ai découvert celle du sociologue Robert King Merton (1) qui, sans être exempte des reproches précités, me semble très réaliste, adaptée au monde de l'entreprise d'aujourd'hui.
            Plus connu pour avoir décrit le mécanisme de la "prophétie auto-réalisatrice", il a aussi établi une typologie d'adaptation individuelle à la société. Celle-ci est basée sur les différences de comportements que les individus entretiennent avec les fondements de la société  (ses buts culturels et ses moyens institutionnels).
 
R. K. Merton distingue ainsi 4 modes d'adaptation :
- le conformisme, où l'individu respecte les usages et se soumet aux attentes du groupe (de la société) ;
- l'innovation, où l'individu, s'il accepte les valeurs, cherche à modifier les procédures, les moyens ;
- le ritualisme, où l'individu tend à donner plus d'importance aux formes, semblant se détacher du fond ;
- l'évasion, où l'individu vit en marge de la société.
Un comportement sort de ce cadre :
-la rébellion, où l'individu entre en conflit et combat la société (sur la forme et le fond).

-cf le schéma ci-dessous (2)

Sans être révolutionnaire, cette typologie de l'adaptation individuelle à la société me semble transférable au monde de l'entreprise. Face aux objectifs fixés et aux moyens donnés pour y parvenir, le salarié se retrouve au carrefour des comportements décrits "conformisme"-"innovation"-"ritualisme"-"évasion". Dans un monde en perpétuelle évolution, la difficulté consiste à préserver l'acceptation des buts, en acceptant une remise en cause des moyens. La schizophrénie n'est pas loin. Le rejet des moyens, cumulé à l'acceptation des buts, pourrait être la forme d'adaptation du salarié la plus profitable à l'entreprise soumise au changement. Mais, est-elle prête, pour cela, à lui laisser suffisamment d'autonomie ? Ou est-elle prête à subir "l'évasion", en attendant la rébellion ?


 
   



























































moyens institutionnels




acceptation
rejet


buts culturels
acceptation
conformisme
innovation


rejet
ritualisme
évasion
nouveaux moyens





rébellion
nouveaux buts







 (1) Robert King MERTON (1910-2003).
  















(2) Elizabeth GARDERE, Le capital mémoire de l'entreprise, Paris, L'Harmattan, 2003.     












lundi 4 juin 2012

En 2012, l'année commence en septembre

"Il est facile de laisser une époque en faire à sa tête. Ce qui est difficile, c'est de garder la sienne" 1.

En cette longue (interminable ?) période d'élections, cette phrase de G.K. Chesterton m'est revenue en mémoire. Ce qui est difficile aussi, c'est de faire le tri dans les informations. Doit-on croire les syndicalistes qui nous alertent sur "les centaines de plans sociaux à venir" ou les DRH qui affirment qu'il n'y a pas eu d'attentisme en ce qui concerne les éventuels Plans de Sauvegarde de l'Emploi ? D'ailleurs, pourquoi auraient-ils attendu la fin des élections présidentielles ? Mais, pour éviter une politisation des plans de licenciements bien sûr ! Pour ne pas voir débarquer  les candidats les uns après les autres, pour 15 minutes "d'auto-promotion" ! Dans ce cas, ils doivent, maintenant, attendre la fin des législatives, car les candidats à la députation sont, eux aussi, à l'affut des possibilités de médiatisation. Sans parler du ministre de la réindustrialisation (pardon, du "redressement productif"). Ensuite ce seront les vacances d'été. 
Ah, vivement septembre que l'on y voit plus clair... enfin, il n'est pas interdit de l'espérer.

1 G.K. Chesterton, Orthodoxie (1908).

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